Un nouveau regard sur la nutrition sportive
« Que manger 3 jours avant une course ? Quelle boisson consommer pendant l’effort ? Les gels énergétiques sont-ils indispensables ? ». Voici tout autant de questions résumant le rôle classiquement attribué à la nutrition sportive. Elles se justifient pleinement : l’optimisation des réserves et des apports énergétiques est en effet un facteur de performance essentiel au bon déroulement d’une épreuve d’endurance. Toutefois, restreindre l’intérêt de la nutrition à ce seul cadre « énergétique » consisterait à occulter l’impact du contenu de notre assiette sur notre état de santé. A trop vouloir simplifier, on finit par caricaturer.
Nous aurons l’occasion de développer chaque aspect de la nutrition sportive au cours d’articles spécifiques. Aujourd’hui, attachons-nous à porter un nouveau regard sur la nutrition sportive selon une réflexion globale des relations pouvant exister entre la santé, l’alimentation et la performance.
Car « nutrition » ne rime pas avec « diététique »
Pour bien comprendre l’intérêt de la nutrition sur les performances, revenons sur un postulat simple : un sportif ne peut être physiologiquement performant que s’il est en bon état de santé. A la lecture de certains conseils diététiques, ce qui peut ici apparaitre ici comme une évidence ne l’est pourtant pas. Reprenons, par exemple, les conseils relatifs à la consommation de gels énergétiques au cours de l’effort. Un apport de produit énergétique hyperosmolaire – dont la concentration trop importante en glucides augmente les risques gastro-intestinaux et dont les teneurs en minéraux sont insuffisantes pour compenser les pertes sudorales après plusieurs heures d’effort – ne nous apparait pas comme le conseil prioritaire à proposer à un sportif d’endurance. L’augmentation des ventes de gels énergétiques au cours de ces dernières années, parfois stimulées par des messages marketing dithyrambiques, traduit ainsi non seulement le manque d’information apporté aux sportifs sur la bonne gestion de leur nutrition au cours de l’effort, mais aussi et surtout une approche diététique focalisée sur la problématique énergétique et omettant l’intérêt des autres micronutriments sur le maintien d’un état physiologique optimal. Il peut ainsi apparaitre enrichissant d’élargir le cadre de réflexion sur l’intérêt de la nutrition à l’effort, et d’une manière plus générale, celui de l’alimentation sur la santé.
Qu’est-ce-que la performance ?
La performance peut se définir, quel que soit le niveau sportif de chacun, par l’optimisation de toutes les fonctions physiologiques ayant répondu favorablement aux adaptations attendues de l’entraînement. En d’autres termes, l’entraînement créé un « désordre cellulaire », à l’origine de perturbations physiologiques locales, ponctuelles et contrôlées. Ce désordre permet par la suite à l’organisme de récupérer et d’accroître ses capacités de résistance. Cette adaptation s’avère bien entendu variable d’un sportif à l’autre en fonction de la qualité de son entraînement, de sa récupération, mais également de ses capacités intrinsèques, de son environnement ou de son hygiène de vie, dont l’alimentation. Une nutrition optimale de nos cellules permet en effet à l’organisme de répondre favorablement aux sollicitations de l’entraînement.
La nutrition au cœur de la performance cellulaire
L’organisme humain est constitué de dizaines de milliers de milliards de cellules, dont la complexité et la finesse de régulation sont extraordinaires et encore partiellement méconnues. Chacune d’entre elles possède des fonctions précises et complémentaires lui permettant de se regrouper avec les autres cellules sous forme de tissus aux rôles spécifiques, puis en systèmes et appareils (locomoteur, cardiovasculaire, respiratoire…), chacun jouant un rôle précis et indispensable à l’harmonie des autres. La « machinerie cellulaire » est merveilleusement complexe et n’a pas fini de nous dévoiler tous ses secrets ! Toutefois, si nos cellules ne disposent pas des nutriments nécessaires, leur fonctionnement peut s’en trouver altéré, ce qui aura notamment pour conséquence une réponse défavorable à l’adaptation attendue de l’entraînement.
Comparons par exemple notre organisme à une voiture : nous entretenons tous (plus ou moins) minutieusement cette dernière, nous l’apportons régulièrement au garage pour nous assurer de son bon état général et nous nous rendons à la station-service pour faire le plein de carburant. Le cas échéant, le moteur risque progressivement de s’encrasser, la carrosserie de s’abimer, les pneus de s’user… y compris avec le meilleur des carburants. De même, la plupart des sportifs veille à consommer suffisamment de glucides pour les stocker sous forme de glycogène et disposer ainsi d’une quantité suffisante de « carburant », pour ne pas être sujet à la panne sèche en plein effort !
Toutefois, l’organisme a également besoin de micronutriments pour :
- Transformer les aliments en « carburant » et assurer les nombreuses réactions cellulaires grâce aux vitamines, aux minéraux et aux oligoéléments, à l’instar de la clé nécessaire au démarrage du moteur de la voiture ;
- Fabriquer et entretenir les tissus grâce aux protéines et aux acides aminés ;
- Hydrater les cellules et réguler leurs échanges grâce à l’eau et aux minéraux ;
- Assouplir les membranes de nos cellules pour que les informations soient bien transmises et réguler les inflammations cellulaires grâce aux acides gras polyinsaturés issus des graisses.
La qualité de l’alimentation revêt donc un rôle essentiel sur le bon fonctionnement cellulaire et mérite une attention quotidienne, au même titre que celle portée à l’entraînement. Il ne viendrait probablement pas à l’esprit de tout sportif digne de ce nom de s’entraîner 3 jours avant une compétition, de ne rien faire le reste de l’année et d’imaginer performer le jour J…
« C’est une bien ennuyeuse maladie que de garder sa santé par un trop long régime »
Cette expression de La Rochefoucauld illustre parfaitement le sentiment de la majorité des sportifs lorsqu’on évoque le mot « diététique ». On imagine en effet bien souvent que « bien manger » rime avec « frustration » : et de toute évidence, tout changement alimentaire en inadéquation avec les habitudes de vie d’un individu apparait comme le meilleur moyen de vouer un programme nutritionnel à l’échec. Il s’agit donc pour chacun d’entre nous d’adapter nos choix alimentaires à notre hygiène de vie, à notre environnement socioculturel et à nos besoins physiologiques. Ce qui soulève une autre problématique, à savoir la définition de nos propres besoins en micronutriments : ces derniers sont établis à partir de données statistiques, les Apports Nutritionnels Conseillés (ANC). Or, les ANC représentent des valeurs moyennes couvrant les besoins théoriques d’une population étudiée : la méthode de détermination de ces ANC écarte naturellement 5 % de cette même population, à savoir les 2,5 % dont les besoins sont inférieurs et les 2,5% dont les besoins sont supérieurs. Ce qui, au regard de la population française, concerne tout de même quelques millions de personnes…
Par ailleurs les conseils alimentaires proposés, bien qu’en théorie optimaux, ne peuvent considérer un facteur essentiel, à savoir la valeur nutritionnelle réelle d’un aliment. De nombreux facteurs peuvent en effet modifier la qualité nutritionnelle des aliments : qualité des sols, modes de culture, d’élevage, de conservation, de préparation ou de cuisson… De plus, pour être utilisés efficacement par la cellule, les nutriments doivent au préalable être bien absorbés, assimilés et transformés. Or, ces processus nécessitent que notre organisme dispose d’un système digestif optimal et de cellules fonctionnelles, ce qui au regard de l’impact de l’alimentation, de la pollution et de la pratique de l’effort de longue durée sur le système digestif, apparait peu fréquent. Il serait donc illusoire, voire utopique, de penser que nos cellules disposent de l’intégralité des nutriments présents en théorie dans notre assiette, et encore moins de ceux établis à partir de tables de composition nutritionnelle.
Alors, comment définir nos propres besoins nutritionnels ?
Il est possible d’identifier, d’analyser et de corréler les troubles « fonctionnels » en relation avec d’éventuels déficits nutritionnels ou déséquilibres alimentaires, pour y apporter une réponse personnalisée et optimiser naturellement les performances. C’est tout l’intérêt de la Micronutrition. Ces troubles sont en effet le reflet d’une altération du fonctionnement cellulaire pouvant, à terme, être à l’origine d’une baisse des performances, voire de pathologies s’ils ne sont pas pris en charge : on peut ainsi citer la fatigue chronique, le manque de vitalité, les blessures ou infections à répétition, l’inconfort digestif, les troubles du sommeil ou de l’humeur (manque de motivation, irritabilité, envies sucrées, etc.). De nombreux professionnels de santé sont aujourd’hui formés à la Micronutrition, pouvant ainsi déterminer et analyser ces troubles fonctionnels pour proposer un programme nutritionnel personnalisé, associé à une complémentation nutritionnelle lorsque des déficits sont mis en évidence.
La suite au prochain épisode…
Anthony BERTHOU
oui
merci pour cette information tres captivante
Bonjour,
Question : la consommation quotidienne d’aliments lacto-fermentés divers conduit-elle à de la raideur musculaire ? L’ingestion d’acid lactique est-elle nocive à dose journalière et importante ?
Merci pour vos articles et conseils !
Bonjour, je pense que vous aurez davantage de désagréments digestifs liés à ces aliments avant les effets nocifs de la présence d’acide lactique