S’il existe un nutriment attribué aux muscles, ce sont bien les protéines. Et effectivement, il s’agit d’un constituant majeur du tissu musculaire, dont les apports méritent d’être optimisés au quotidien lorsque l’on s’intéresse à la pratique sportive, quand on veut mincir ou tout simplement prendre soin de sa santé. L’amincissement et la pratique régulière d’une activité physique engendrent en effet une augmentation des besoins théoriques. Ce raisonnement est physiologique et fait, en toute logique, l’objet des principales recommandations nutritionnelles. Oui, mais. Si l’on porte un regard plus global sur les rôles de l’alimentation, dans une dimension collective, la situation n’est alors plus si simple. En effet, au regard de l’évolution de la démographie et de la tendance actuelle de la population mondiale à augmenter ses apports en protéines animales, ça va finir par coincer… Alors que les projections nous amènent à plus de 9,6 milliards d’habitants sur la planète en 2050, le maintien d’une telle consommation de protéines animales est en effet une impasse écologique. A l’échelle de l’humanité, réviser à la baisse la consommation de protéines animales est donc indispensable : mais alors, quelles solutions envisager ? Voyons tout ceci en détails.
Pourquoi parler d’enjeu mondial ?
C’est un vrai sujet. Avant tout car nous faisons partie de cette grande communauté qu’est l’humanité. Il est donc de notre responsabilité de nous interroger a minima sur les effets collectifs que peuvent engendrer nos choix individuels. Ce sujet est passionnant et soulève la question essentielle de la dimension collective des comportements. A l’instar de l’histoire du colibri, nous pourrions nous dire : « que je modifie ou non mes choix alimentaires, ce n’est pas ça qui va changer le monde. Donc autant que je mange ce que je veux sans me soucier de l’impact environnemental, ça ne me concerne pas. » Transports, tri sélectif, économie collaborative, etc. : la question ne concerne bien entendu pas que l’alimentation. Mais la problématique reste la même : choisit-on d’être acteur d’une évolution collective, ou préfère-t-on laisser cette responsabilité au voisin ou à nos enfants ? Comme le précise très bien le bouddhiste et scientifique Mathieu Ricard, à l’échelle de l’humanité, la génération actuelle est la première dont les comportements déterminent l’avenir des générations futures.
Un bref état des lieux
Selon la FAO (Food and Agriculture Organization), la consommation mondiale de protéines animales a doublé en moins de 50 ans et devrait encore augmenter de 70% pour nourrir l’ensemble de la population en 2050 si la tendance relative à nos choix alimentaires est maintenue. Alors qu’en 2009, 229 millions de tonnes de viande étaient produites dans le monde, la production devrait être supérieure à 465 millions de tonnes en 2050 pour assouvir le besoin carnivore croissant des humains. En effet, en 2010, chaque habitant consommait plus de 80g de protéines par jour, contre 62g cinquante ans plus tôt en 1961. Si l’on analyse plus en détails cette évolution, on constate que c’est surtout la part des protéines animales qui a augmenté, passant de 25g à 41g par habitant et par jour. Bien sur, et c’est là un point essentiel pour traiter le cœur du sujet, nous ne parlons ici que d’une moyenne : alors que la consommation de protéines animales dans les pays les plus riches est passée au cours de cette période de 40 à 60 g/j/hab dans les pays les plus riches, celle des pays les plus pauvres est elle restée stable, aux alentours de 10g/j/hab. Depuis le milieu des années 2000, la consommation de viande dans les pays développés ne progresse plus, voire recule légèrement du fait des préoccupations nutritionnelles, du bien-être de l’animal et de l’impact environnemental. Par contre, la consommation dans les pays en développement ne cesse d’augmenter : à titre d’exemple, la consommation de viande en Chine a été multipliée par 8 en moins de 40 ans.
Comment calcule-t-on la consommation mondiale de protéines animales ?
Il s’agit d’une consommation apparente, calculée à partir des ressources (production + importations) et des emplois (consommation et exportations) en tenant compte de la variation des stocks : ces chiffres traduisent en réalité des quantités disponibles à la vente. Bien que conduisant à une surévaluation de la consommation effective de protéines, cette source a le mérite de permettre des comparaisons sur de longues périodes à une échelle mondiale.
Cette évolution est directement corrélée à l’évolution des revenus et à la richesse des pays. Cette tendance, à l’époque confirmée uniquement dans les pays développés, s’est aujourd’hui généralisée aux pays émergents ou en transition. Elle s’explique avant par un accès à une offre alimentaire mondiale facilité par un pouvoir d’achat plus important associé à un changement d’habitudes alimentaires. Les comportements alimentaires, malgré le maintien d’une dimension culturelle variable selon les pays, tendent en effet à s’uniformiser sur le modèle occidental, en particulier du fait de la part de plus en plus importante que prend l’industrie agro-alimentaire dans l’assiette quotidienne. Ainsi, selon la FAO, les chiffres relatifs à l’augmentation de la production mondiale depuis 1967 parlent d’eux-mêmes : +700% de production de viande de volaille, +350% pour les œufs, +290% pour le porc, +200% pour la viande ovine et caprine, +180% pour la viande bovine et le lait. Car, bien évidemment, ces nouvelles ressources sont essentiellement puisées à partir de l’élevage intensif qui ne cesse d’augmenter le nombre de têtes. En 2011, les produits de l’élevage fournissaient 12,9% des calories consommées dans le monde et 20,3 % dans les pays développés. Leur contribution à la consommation mondiale de protéines est estimée à 47,8 % dans les pays développés. Au regard de l’évolution démographique, il serait alors nécessaire d’ici à 2050, en conservant les méthodes actuelles, d’élever deux fois plus de volailles, +80% de petits ruminants, +50% de bovins et +40% de porcins en plus.
Au delà des effets de ces changements alimentaires sur la santé, l’impact écologique d’un tel élevage intensif représente un enjeu mondial majeur. Les projections économiques et démographiques mettent en évidence, qu’en l’état actuel des ressources et des connaissances sur leur exploitation, la généralisation du niveau de consommation de protéines animales des pays les plus riches ne peut pas être maintenue à long terme. Ainsi et de manière simple, le défi nutritionnel actuel consiste à inverser la tendance en terme de consommation de protéines dans le monde : réduire la part des protéines animales et augmenter celle des protéines végétales.
Impact environnemental de la consommation mondiale de protéines animales
Le constat est simple : la production de bétail monopolise 70 % des terres arables et 40 % des céréales cultivées dans le monde sont destinées à alimenter le bétail qui mobilise ces terres. C’est là un des points essentiels : pour assurer cette demande croissante de protéines animales, il est indispensable d’augmenter d’autant la production céréalière au détriment de la fertilité des sols et du respect de son écosystème. En résumé, alors que plus de 840 millions de personnes souffrent de faim dans le monde et 2 milliards de carences nutritionnelles, le système actuel privilégie un faible rendement énergétique pour répondre au besoin croissant de protéines animales au détriment de solutions globales, autant nutritionnelles qu’environnementales ou qu’économiques. En effet, en fonction des espèces, le cout énergétique de la calorie animale estimé est d’environ 3 à 9 calories végétales. Si nous prenons l’exemple d’un bœuf élevé de manière industrielle pendant 3 ans pour fournir 200kg de viande, ce bœuf consommera 1300kg de grains et 7200kg de fourrages. En moyenne, 7kg de céréales sont nécessaires pour produire 1kg de viande dans les élevages intensifs de type feedlots. Qui dit culture, dit aussi consommation d’eau.
L’empreinte hydrique est une unité de mesure virtuelle, permettant de quantifier l’eau nécessaire à la production d’un aliment sur l’ensemble des étapes, directes et indirectes. Entre 1996 et 2005, l’empreinte hydrique de l’humanité a été de 9 087 billions de mètres cubes. 92% de celle-ci a été destinée à l’agriculture et à l’élevage. Selon un rapport publié en décembre 2010 par l’institut HIE (Institute for Water Education) de l’UNESCO, la production d’un kg de bœuf requiert 15 000 litres d’eau ! Etant précisé que les conditions d’élevage peuvent bien entendu moduler ces valeurs. De tels chiffres ont au moins le mérite de parler d’eux-mêmes… A titre de comparaison, alors que 3100 litres d’eau sont nécessaires pour vous permettre de déguster un steak de bœuf de 200g, seuls 90 litres sont utilisés pour cultiver 500g de tomates et…. 2500 litres pour produire un hamburger de 150g ! Au delà des conséquences nutritionnelles de ses menus, Ronald est donc bien un acteur majeur des enjeux mondiaux liés à l’alimentation. Si l’envie vous prend de poursuivre les comparaisons, je vous invite à télécharger l’application virtualwater pour moins de 2 US$. L’histoire continue….
Empreinte hydrique de quelques aliments :
Aliments | Quantité Aliment | Quantité Eau (litre) | Empreinte hydrique litre/kg |
Bœuf | 300 g | 4 650 | 15 000 |
Viande de mouton | 300 g | 1 830 | 6 100 |
Porc | 300 g | 1 410 | 4 800 |
Viande de chèvre | 300 g | 1 200 | 4 000 |
Poulet | 300 g | 1 170 | 3 900 |
Œufs | 60 g | 198 | 3 300 |
Orge | 500 g | 650 | 1 300 |
Blé | 500 g | 650 | 1 300 |
Sorgho | 500 g | 1 400 | 2 800 |
Millet | 500 g | 2 500 | 5 000 |
Riz | 500 g | 1 700 | 3 400 |
Grains de Soja | 500 g | 900 | 1 800 |
Maïs | 500 g | 450 | 900 |
Pommes de terre | 500 g | 125 | 250 |
Tomates | 100 g | 18 | 180 |
Tartine | 500 g | 650 | 1 300 |
Hamburger | 150 g | 2 499 | 16 600 |
Fromage | 500 g | 2 500 | 5 000 |
Lait | 1 000 ml | 1 000 | 1 000 |
Thé | 750 ml | 90 | 120 |
Café | 750 ml | 840 | 1 120 |
Vin | 750 ml | 720 | 960 |
Bière | 500 ml | 150 | 300 |
Sucre de canne | 500 g | 750 | 1 500 |
Chocolat | 100 g | 2 400 | 24 000 |
Coco | 1 000g | 2 500 | 2 500 |
Orange | 100 g | 50 | 500 |
Pommes | 100 g | 70 | 700 |
Bananes | 120 g | 103 | 860 |
Mangue | 350 g | 560 | 1 600 |
Cuir | 250 g | 4 250 | 17 000 |
Papier | 500 g | 5 000 | 10 000 |
Coton | 250 g | 2 700 | 10 800 |
Toujours selon la FAO, l’élevage des 20 milliards d’animaux nécessaires à l’alimentation est responsable de 18 % des émissions totales de gaz à effet de serre au niveau mondial (13% en France), soit davantage que les transports. Les éructations des ruminants produisent 37 % du méthane émis du fait des activités humaines. Rappelons simplement que le potentiel de réchauffement global du méthane est 23 fois supérieur à celui du CO2. Le stockage et l’épandage de fumier sont eux responsables de 65 % des émissions d’oxyde nitreux, le plus puissant des gaz à effet de serre. La déforestation consécutive à la conversion des terres en pâturages ou en cultures fourragères est responsable de 9 % des émissions de CO2. Ainsi et pour comparaison, consommé pendant un an et par personne, un repas sans viande et sans produit laitier, constitué de végétaux d’origine biologique représente, en terme d’effet de serre, l’équivalent du CO2 émis pour parcourir 281km en voiture. Un repas constitué de viande et de produits laitiers issus de l’alimentation conventionnelle équivaut quant à lui à 4758km… sans tomber dans quelque dogmatisme que ce soit et si les valeurs auraient certainement le mérite d’être nuancées, cette comparaison a le mérite de faire réfléchir.
Nous pourrions ainsi poursuivre le développement sur de nombreux autres points, en particulier concernant l’emploi massif de fertilisants et de pesticides dans le cadre de la monoculture intensive dédiée à l’alimentation animale. Les récoltes n’absorbent qu’entre un tiers et la moitié de l’azote ainsi utilisé, le reste polluant en toute logique les sols et l’eau. Les modes d’élevage traditionnels utilisent les déjections animales dans le système de rotation des cultures, ce afin de maintenir la qualité des sols. L’élevage intensif lui, confine par définition les animaux dans des surfaces considérablement réduites, engendrant une quantité de déjections largement supérieures à la capacité de recyclage des écosystèmes environnants. Quand on sait qu’une vache laitière produit autant de déjections en volume que 20 à 40 humains, je vous laisse imaginer la perspective de ces élevages intensifs… D’un point de vue sanitaire, idem : plus de 70% de l’azote et du phosphore contenus dans l’alimentation du bétail et des porcs sont rejetés dans les excréments et les urines, qui vont alors contaminer les sols et les eaux. L’eau devient logiquement impropre à la consommation et les risques de contaminations bactériennes s’envolent. Et qui dit risques de contamination, dit utilisation d’antibiotiques. Les chiffres sont là encore éloquents : alors que 3,5 millions de kg d’antibiotiques ont été vendus pour soigner les hommes en 2011, 13,5 millions l’ont été pour assurer la production animale. Ce sont ces mêmes antibiotiques que l’on retrouve partiellement dans la chair des animaux, donc dans nos assiettes.
Bon, je vais cesser de vous laminer le moral avec tous ces chiffres théoriques. Pour autant ils sont le reflet d’une situation, elle, bien réelle. Certains d’entre d’eux peuvent être nuancés, notamment par rapport au fait qu’il n’est pas possible de produire des céréales dans une partie des terres au potentiel agronomique limité et que l’élevage représente dans ces conditions le seul mode de valorisation des surfaces, qui permet de maintenir une population rurale et de participer au développement de biens collectifs. De même, les émissions brutes de gaz à effet de serre par les animaux n’intègrent pas la capacité des prairies à stocker le carbone, ce stockage pouvant compenser entre 25 et 50% des émissions selon la part d’herbe. Bien sur. Mais ces nuances n’enlèvent en rien la véracité des enjeux autour de la consommation de protéines animales. Donc, que faire ?
Une petite tranche de steak ?
Revenons à nos moutons. La théorie de la nutrition sportive voudrait que nous augmentions la consommation de protéines alimentaires pour optimiser nos besoins nutritionnels. Certes, mais nuançons cette théorie par plusieurs points :
- Tout dépend du niveau de consommation initiale de ces protéines. A l’échelle individuelle et en France, nombreux sont les sportifs atteignant déjà spontanément les références quantitatives d’apports en protéines animales, soit à titre d’exemple environ 80 à 100g de protéines par jour pour un athlète de 70kg. Ainsi, davantage que la quantité (et malgré ce que peut en laisser penser le volume annuel de vente de protéines en poudre), l’attention doit être portée sur la qualité et la chronologie d’apport de ces protéines ou des acides aminés les constituant. Il s’agit d’un autre sujet. En clair, et ce n’est ici bien sûr qu’une moyenne statistique, retenons que globalement le sportif occidental consomme suffisamment de protéines animales.
- Protéines alimentaires ne signifie pas protéines animales. En effet, les recommandations qualitatives au regard des acides aminés constituant les protéines sont de privilégier environ 50% de protéines d’origine animale et 50% d’origine végétale, soit dans l’exemple de notre athlète de 70kg, 40 à 50g par jour. Or actuellement, la population française consomme globalement trop de protéines animales au détriment des protéines végétales, à l’instar des pays développés. La consommation de protéines végétales a en effet peu évolué au niveau mondial (de 38 à 43 g par personne et par jour), les sources étant principalement le blé et le riz, puis les légumineuses dont la consommation n’a cessé de diminuer depuis les cinquante dernières années. Il existe pourtant de multiples bénéfices à faire une part belle aux légumineuses, aux fruits oléagineux et aux alternatives végétales (soja, pois, fève, lupin, chanvre, etc.). Les détracteurs vous diront que la faible biodisponibilité et la présence de facteurs antinutritionnels doivent remettre en question leur légitimité : certes, et comme tout aliment, adopter une consommation excessive au détriment d’une autre source peut s’avérer délétère. Pour autant, les protéines végétales méritent une place de choix dans l’assiette quotidienne du sportif et l’intérêt à privilégier régulièrement ces sources pour réduire la consommation de protéines animales (lorsqu’elle est importante), notamment au dîner, est réel. Et pour les plus téméraires, pourquoi pas s’orienter vers les protéines d’insectes ? 2 milliards de personnes en consomment déjà dans le monde. Au delà de l’aspect culturel, cette alternative protéique représente en effet un axe majeur pour la nutrition de demain : nous aurons l’occasion de développer ce point au cours d’un prochain article.
- Privilégiez une consommation locale et responsable. Au regard de l’ensemble des points développés, vous aurez compris qu’au delà de l’impact écologique, la consommation de viande issue d’animaux élevés de manière intensive, dopés aux hormones et aux antibiotiques, mangeant eux-mêmes de grandes quantités de céréales issus d’une monoculture pleine de pesticides ou de fourrages, dont l’intérêt nutritionnel doit être remis en cause notamment du fait de la conséquence de ces fourrages sur le profil lipidique des viandes, mérite une vraie réflexion.
- Les enjeux autour de la consommation des protéines animales concernent également et avant tout le mode d’élevage et de culture. Pour répondre à la logique du rendement de ces cinquante dernières années, la principale réponse a été de privilégier les cultures et les élevages intensifs. Il existe pourtant des méthodes alternatives telle la permaculture, faisant pour certaines preuves d’une rentabilité à faire pâlir les méthodes conventionnelles et apportant surtout une réponse globale, respectueuse de l’écosystème.
J’ai régulièrement la chance de collaborer sur des projets d’agriculture et d’élevage locaux proposant des solutions alternatives formidables, tant au niveau social, qu’économique, environnemental ou nutritionnel. Il existe de nombreux projets alternatifs, constructifs et non dogmatiques, ayant fait leur preuve et qui ne demandent qu’à se développer. Entendre que des agriculteurs ou des éleveurs n’osent plus manger leur propre production au regard de la façon dont les animaux sont élevés est inacceptable et traduit là le caractère urgent à reconsidérer avec beaucoup plus de respect ce que nous mettons dans nos assiettes, pour notre santé et pour celle de tous. Il ne s’agit pas de supprimer totalement les protéines animales, une telle initiative relevant avant tout de choix personnels voire de convictions, mais de prendre conscience de l’enjeu de nos choix alimentaires individuels sur notre santé et sur leurs conséquences collectives. Réduire la part des protéines animales chez les forts consommateurs au profit de produits issus d’une filière courte et locale, tout en faisant une part belle aux protéines végétales ne peut être que bénéfique, pour tous et à tous les niveaux. Ce qui ne signifie pas que vous devez bannir la côte de bœuf entre amis. Mais après tout ça, qui osera afficher cet article dans une salle de musculation… ?
Bon appétit !
Anthony Berthou
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