« Si je mange un œuf tous les jours, n’est-ce pas problématique pour mon cholestérol ? Mon médecin m’a toujours dit de ne pas dépasser 3 œufs par semaine ». Je pense que cette question est celle qui m’a été le plus fréquemment posée depuis que je réalise des conférences et des formations. Car, en effet, quelle personne présentant un excès de cholestérol n’a pas reçu comme conseil de faire attention à sa consommation d’œufs ? A en croire les recommandations encore d’actualité pour certains, il serait nécessaire de réduire sa consommation à 2, voire 3 unités par semaine maximum au risque de voir sa cholestérolémie grimper et les complications cardiovasculaires associées apparaître. Malgré tout, l’œuf garde une place centrale dans l’alimentation de nombreuses populations, y compris des français. En 2018, 98% en consommaient selon le syndicat interprofessionnel des œufs (217 par an en moyenne). Conséquence inattendue du confinement, celui-ci a fait s’envoler les ventes d’œufs en France, avec une croissance de 15% au cours des sept premiers mois de 2020, contre 2% habituellement. Bémol important, en France, 47% des poules sont encore élevées en cage contre 18% d’origine biologique (bien que le mode d’élevage apparaisse officiellement comme le principal critère de sélection des œufs). Un auteur culinaire français du XVIIIème siècle, Menon, disait déjà de l’œuf qu’il « est un aliment excellent et nourrissant que le sain et le malade, le pauvre et le riche partageaient ensemble...
Lire la suiteLe LDL-cholestérol est-il vraiment le “mauvais” cholestérol ?
En introduction, rappelons que derrière l’expression de maladies cardiovasculaires se cache en réalité un ensemble de pathologies touchant le cœur et les vaisseaux sanguins, autant artériels que veineux (voir encadré). Dans le cadre de la surveillance du risque cardiovasculaire, le taux sanguin d’anticorps anti-LDL oxydés est un paramètre, encore trop peu connu, qu’il est possible de faire doser en biologie médicale. Pourquoi ? En voici les raisons. Ce qu’englobe le terme “maladies cardiovasculaires” L’infarctus du myocarde (IDM) est une obstruction (ou spasme) d’une artère du cœur appelée artère coronaire. L’hypertension artérielle (HTA) est une pression accrue du sang sur la paroi des artères, définie par une pression systolique ³ 140 mmHg ou une pression diastolique ³ 90 mmHg. L’insuffisance cardiaque traduit l’incapacité du cœur à fournir un débit sanguin suffisant pour répondre aux besoins de l’organisme. Les valvulopathies sont des anomalies des valves cardiaques (mitrale ou aortiques principalement). Il peut s’agir d’une fuite ou d’un rétrécissement de la valve. Les thromboses veineuses correspondent à l’obstruction d’une veine (également appelée phlébite). L’embolie pulmonaire est quant à elle une obstruction d’une artère du poumon. L’angor ou angine de poitrine (également qualifié de coronaropathie ou insuffisance coronarienne) est une douleur thoracique résultant d’une insuffisance d’oxygénation du cœur du fait de l’existence d’une maladie des coronaires. L’accident vasculaire cérébral, ou AVC, est dit ischémique quand il s’agit de l’obstruction d’un vaisseau cérébral et hémorragique s’il concerne la rupture d’un vaisseau cérébral. Enfin, l’athérosclérose définit un dépôt de plaques...
Lire la suiteOeuf et risques cardiovasculaires : ce que dit la science récente
Œuf ou pas œuf ? En dépit des croyances, il n’existe actuellement pas de preuve scientifique confirmant que la consommation quotidienne d’œuf(s) augmente les risques cardiovasculaires par élévation du taux de cholestérol sanguin, ni le risque de diabète. Ceux-ci semblent avant tout liés au mode de vie. Voici quelques explications. Peut-être avez-vous entendu parler d’une étude parue dans la célèbre revue JAMA en 2019, venue relancer l’éternel débat1. Il s’agit plus exactement d’une méta-analyse incluant 29 615 sujets à travers 6 études de cohortes américaines. Selon les auteurs, consommer 300 mg de cholestérol alimentaire augmente les risques d’accident cardiovasculaire de 17% et pire encore, de 18% de mortalité précoce. 16% de la mortalité générale et de 12% de complications cardiovasculaires en cas de consommation d’un demi-œuf par jour ou pour chaque 300 mg supplémentaire de cholestérol alimentaire. Selon le Dr Zhong et son équipe, chaque demi-œuf consommé par jour augmenterait les risques cardiovasculaires de 6% et de mortalité de 8%, avant tout par la quantité de cholestérol qu’il véhicule. Apportons toutefois quelques nuances. Les données analysées sont issues d’études de cohortes, donc observationnelles, dont il est impossible d’établir un lien de causalité directe, ce d’autant plus que les informations sur les habitudes alimentaires des participants ont été obtenues sur la base d’un seul questionnaire autodéclaratif. Autre point, toutes ces cohortes sont américaines (vous allez comprendre l’importance de cette nuance par la...
Lire la suiteImpact environnemental des oeufs
Les œufs, une réponse possible aux enjeux environnementaux Le désormais célèbre rapport Eat-Lancet publié en Janvier 2019 considère, comme de nombreux autres consensus scientifiques, la consommation régulière d’œufs comme faisant partie des recommandations optimales pour concilier tant les enjeux environnementaux que nutritionnels, en particulier au sein des populations possédant des taux élevés d’enfants dénutris et si elle s’inscrit dans une politique d’élevage adaptée1,2. De faibles émissions de gaz à effet de serre Une douzaine d’œufs émet environ 2,5 kg Eq CO2 (soit, rapporté au poids, environ 10 fois moins qu’un kilo de viande de bœuf issu d’élevage intensif et nourri aux tourteaux d’oléagineux), étant entendu que le modèle alimentaire des poules et leur condition d’élevage peut impacter fortement ces chiffres, notamment la part d’huile de palme et de soja importés3–5. Si l’on considère les émissions de GES en fonction de la densité nutritionnelle et non du poids des aliments, la consommation d’œuf apparait encore plus avantageuse6. A noter que, bien que contradictoire avec les conditions de vie des poules, un élevage au sol (hors cage mais en intérieur, sans accès à la lumière du jour, 9 poules/m2) exige moins de protéines végétales qu’un élevage en plein air avec les méthodes couramment utilisées par l’industrie avicole (1,25 kg de protéines végétales consommables par l’homme par kg de protéines d’œuf vs 1,33)7. La production et le transport des aliments pour les poules contribuent à hauteur...
Lire la suiteLes dioxines et PCB : kesako ?
Vous reprendrez bien un peu de dioxines ou de PCB avec vos œufs ? Vous rappelez-vous la polémique des lots contaminés au Fipronil ? Pour rappel, il s’agit d’un insecticide utilisé contre le pou rouge qui fut (espérons que l’emploi du passé se justifie) utilisé sur des poules pondeuses alors qu’il est normalement interdit pour les animaux destinés à l’alimentation humaine. Malheureusement, il ne s’agit pas du seul exemple de contamination. De manière générale, de nombreux polluants dont certains biocides utilisés pour l’alimentation des poules et métaux lourds sont solubles dans les graisses (voir mon article sur l’aluminium). Ils se retrouvent donc concentrés dans le jaune d’œuf, y compris bio. Une enquête menée par 60 Millions de consommateurs a mis le sujet sur la table médiatique en 2019, révélant des taux élevés de PCB et de dioxines dans les œufs bio du fait de la pollution de l’air et des sols. Cette situation est malheureusement déjà bien connue. De nombreuses publications scientifiques ont déjà objectivé la problématique de contamination des œufs par les polluants organiques persistants et les dioxines1–4. Il ne s’agit ici « que » d’une conséquence malheureusement logique de la pollution humaine. Les œufs bio ou issus de poulaillers familiaux n’échappent pas à la règle, bien au contraire5–7. PCB et dioxines, kesako ? Les PCB font partie des polluants organiques persistants (POP). Ce sont des substances organochlorées dont l’usage est interdit...
Lire la suiteLe TMAO est-il responsable des risques cardiovasculaires ?
Si vous êtes sensibilisé(e) aux enjeux nutritionnels actuels, vous en avez certainement déjà entendu parler. Le TMAO (triméthylamine-N-oxyde) est un métabolite particulièrement impliqué dans les risques cardiovasculaires au regard des études de la dernière décennie1–9. Il pourrait en effet augmenter les risques d’AVC, de diabète de type 2, d’Alzheimer, de stéatose hépatique et de mortalité10–12. Mais qu’en est-il vraiment ? Le TMAO : un déchet bactérien Le TMAO est un produit d’oxydation issu du foie à partir d’un composé synthétisé par les bactéries du microbiote intestinal, le TMA, lui-même métabolisé à partir de molécules alimentaires comme la choline, la phosphatidylcholine ou encore la L-carnitine. La concentration plasmatique en TMAO dépend donc fortement de la nature du microbiote intestinal. Ce dernier influerait de l’ordre de 3 à 4 fois plus les taux sanguins de TMAO comparativement à l’alimentation13. La suppression du microbiote chez la souris, stoppe par exemple la production de TMAO et réduit fortement les risques d’athérosclérose2. Il s’agit en quelque sorte d’un « déchet bactérien » issu de l’utilisation de ces nutriments, pris en charge par le foie avant d’être éliminé via les reins. L’état des fonctions rénales est d’ailleurs important à considérer lorsque l’on évalue les risques cardiovasculaires en lien avec un taux sanguin élevé de TMAO14–16. Ce dernier peut contribuer à l’augmentation des risques d’insuffisance rénale et de mortalité associée15. Cause ou conséquence du risque cardiovasculaire ?...
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