J’ai eu l’occasion de vous développer l’intérêt de prendre soin de votre écosystème intestinal dans l’article “Le pilier intestinal” et mes conseils pratiques en cas d’inconfort dans : Comment retrouver votre confort intestinal ?
Que penser des probiotiques ?
Aussi efficaces soient-ils, au moins en termes de ressenti par la personne en consommant, les effets de ces probiotiques ne sont à ce jour pas avérés sur le long terme. Leur capacité à persister dans le microbiote intestinal varie en effet de manière très importante selon chaque individu et en fonction des souches utilisées. Par ailleurs, même s’il existe de nombreuses souches étudiées (essentiellement par les fabricants de ces bactéries pour les laboratoires), à l’image du LGG ®, La-5 ®, Bb-12 ® ou encore L.gasseri, la variabilité de chaque microbiote est telle qu’il est encore précoce d’affirmer que ces dernières exercent un effet universel. De plus, les études analysent essentiellement les propriétés des probiotiques chez des personnes souffrant de troubles spécifiques, celles concernant les effets en cas de microbiote initial équilibré sont encore peu nombreuses et amènent à une certaine prudence.
Une solution d’avenir pour tenter d’équilibrer et de diversifier le microbiote est indéniablement la transplantation de matière fécale (TMF), de plus en plus étudiée et utilisée. Historiquement proposée en cas d’infection persistante à Clostridium difficile, la TMF fait l’objet de nombreuses recherches et applications pour lutter contre les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), la stéatose hépatique non alcoolique (syndrome NASH), l’obésité, les maladies cardiovasculaires, l’autisme, l’arthrite inflammatoire ou encore la sclérose en plaques. De même, l’utilisation des bactériophages, des virus en mesure de contrôler l’activité des bactéries du microbiote intestinal, est une autre piste thérapeutique importante, bien que délaissée par la plupart des laboratoires car non brevetable. Les patients souhaitant accéder à ces phages doivent aujourd’hui réaliser une forme de tourisme thérapeutique en Europe de l’Est, notamment en Géorgie.
Comment choisir un probiotique ?
- S’assurer de quantités suffisantes. Bien qu’il n’existe pas de quantité définie par la littérature scientifique, en termes d’usage, 10 milliards par jour est un minimum pour en espérer un effet significatif, bien que certaines personnes puissent ressentir un bénéfice avec des quantités moindres (justifiant ainsi d’autant plus l’utilité des probiotiques chez elles). En cas d’infections chroniques pouvant nécessiter une prise prolongée d’antibiotiques, de maladies inflammatoires chroniques ou auto-immunes, je recommande très souvent un minimum de 40 milliards de bactéries par jour, voire plus de 100 milliards. Une telle quantité peut apparaitre vite coûteuse au regard du prix des produits. Je vous ai donc indiqué des produits qualitatifs mais au demeurant plus économiques car dosés à 25 milliards par gélule. Les souches sélectionnées sont alors souvent plus communes et moins documentées mais peuvent demeurer intéressantes dans une telle situation.
- Varier les souches, donc les produits. Il n’existe à ce jour aucune étude clinique contrôlée et indépendante de tout laboratoire permettant de garantir une efficacité significative d’une souche à long terme et au sein de l’ensemble des différents microbiotes intestinaux de la population. Un même produit, conseillé auprès de deux personnes pour la même indication, peut exercer des effets différents. A titre d’exemple, certaines souches vont accélérer le transit chez des personnes et le ralentir chez d’autres. Ainsi, plus vous diversifierez la nature des probiotiques, plus vous favoriserez l’implantation partielle de bactéries complémentaires à votre propre microbiote. Mon conseil clé est simple : testez différents produits et variez les marques.
- Sélectionner des souches possédant une capacité optimale de résistance à l’acidité gastrique et d’adhésion à la muqueuse intestinale. Les bactéries possèdent en effet une gastro-résistance plus ou moins importante, de même qu’une capacité d’adhésion à la muqueuse intestinale très variable. Un laboratoire sérieux doit être en mesure de vous justifier le choix de ses souches en ce sens. A noter qu’il existe des marques proposant des ingrédients dits micro-encapsulés pour tenter d’accroitre la résistance à l’acidité de l’estomac. Toutefois, la priorité demeure le choix de la souche, ce d’autant plus que la supériorité technologique de la micro-encapsulation n’a pas encore été parfaitement établie.
- Optimiser la stabilité du produit. Pour ce faire, choisir des produits dont l’imperméabilité à l’air est maximale tout au long de la durée de vie. Le critère permet de quantifier l’humidité est l’AW : plus il est faible, mieux c’est. La protection par l’aluminium, sous forme de sachets ou de gélules sous blister, est optimale pour la stabilité du produit (bien que ce conditionnement soit loin d’être idéal au niveau environnemental). La vente en piluliers est inadaptée. Pour la même raison, l’utilisation de gélules végétales apparait plus adaptée que les gélules à base de gélatine, mais surtout que les comprimés. En effet, la fabrication d’un comprimé nécessite par définition une compression, altérant ainsi fortement la viabilité du produit. Enfin, l’ensemble de la formulation du produit est important, notamment le choix des excipients. Le recours à de l’amidon de pomme de terre est par exemple intéressant (à condition de tolérer ce tubercule bien entendu. De nombreuses personnes souffrant d’hyperperméabilité intestinale ont intérêt à l’éviter du fait de la présence de solanacées). A noter que l’amidon ou les maltodextrines de maïs non transgéniques garantissent globalement de bons résultats.
- Selon la sensibilité individuelle, l’apport complémentaire de prébiotiques (fibres tels que l’inuline, la chicorée, les GOS, les FOS, etc.) peut augmenter l’inconfort digestif par excès de fermentation (gaz, ballonnement, etc.). Si tel est le cas, privilégier une formule sans prébiotiques. De même, si les effets sont différents de ceux attendus (par exemple une accélération de transit alors que l’objectif est de le ralentir), tester un autre produit. La nature du microbiote de chaque individu est très variable, les effets des probiotiques peuvent donc être parfois différents, voire opposés, d’une personne à l’autre. La quantité à consommer est idéalement de 5g par jour.
- Le terme psychobiotique définit des probiotiques sélectionnés pour leur action sur le système nerveux central (dépression ou anxiété par exemple).
- Le terme microbiotique est un nom commercial inventé par les laboratoires, il n’est nullement signe d’une meilleure qualité ou d’une innovation quelconque.
- Une nouvelle expression apparait depuis quelques années : les post-biotiques. Il s’agit de compléments alimentaires contenant des acides gras à chaîne courte comme le butyrate.
Si vous souhaitez découvrir plus en détails tous mes conseils sur les probiotiques, lire mon article “La vérité sur les probiotiques“
L-Glutamine
La glutamine est un acide aminé essentiel à la nutrition des cellules intestinales, les entérocytes. Je vous invite à découvrir mon article : Glutamine : quel complément alimentaire choisir ?
Zinc
10 à 15 mg/j de bisglycinate de zinc. En savoir plus : Zinc : quel complément alimentaire choisir ?
Vitamine D
Je vous recommande de faire doser votre taux plasmatique de afin de savoir si une supplémentation est nécessaire ou non (75 UI par kg de poids corporel par jour). En savoir plus : Vitamine D : quel complément alimentaire choisir ?
Glycine
Acide aminé intervenant dans la synthèse de l’ensemble des tissus conjonctifs, son apport sous forme de complément alimentaire peut se justifier en complément de la glutamine. Voir mon article : Quelle complément alimentaire à base de glycine choisir?
Autres compléments
En fonction de votre situation personnelle, d’autres supplémentations peuvent vous être proposées :
- Vitamine A : 600 à 800 ug/j.
- Argile verte (laisser l’argile dans un verre d’eau pendant une nuit et ne boire que le surfactant le lendemain matin), matricaire ou aloe vera. En magasin biologique ou pharmacie.
- Protéases.
Je vous recommande de demander conseil à votre professionnel de santé pour adapter si besoin ces conseils et considérer d’éventuelles contre-indications.
Anthony Berthou