Si vous êtes friand du saumon, sans doute vous êtes-vous posé cette question. Voyons tout ceci en détails
Saumon sauvage ou d’élevage ?
Selon les océans, plus ou moins pollués, les différences de contamination peuvent être significatives. Un saumon sauvage provenant du Pacifique contient par exemple moins de PCB que son congénère de l’océan Atlantique. Le saumon sauvage issu de mers propres (ex. USA, Chili) est environ 10 fois moins contaminé en DDT et dioxines que le saumon issu de mers contaminées (notamment européennes)1,2. L’exemple le plus parlant étant celui de la mer Baltique. Celle-ci est tellement polluée que la pêche au saumon sauvage y est interdite.
Concernant le mercure, les différences semblent peu significatives 3, à l’exception du saumon sauvage d’Alaska, particulièrement contaminé4. Concernant les métaux lourds, les taux d’arsenic, mercure, cadmium, cobalt et cuivre sont apparus plus élevés dans les saumons sauvages que d’élevage3,5. Concernant les pesticides dans les saumons d’élevage, le seul résidu retrouvé – le DDE – n’est présent qu’en très faible quantité. D’une manière générale, la présence de biocides dans les saumons d’élevage a en effet diminué grâce à la mise en place de techniques alternatives (poissons nettoyeurs et vaccination)6.
Au niveau nutritionnel enfin, le saumon sauvage contient moins d’oméga 3 que le saumon d’élevage (jusqu’à 4 fois moins) mais aussi moins d’oméga 6. Au final, le ratio oméga 3/ oméga 6 apparait plus intéressant pour le saumon sauvage5,7,8.
Saumon bio ou conventionnel ?
Abordons désormais la question du bio. Le magazine 60 millions de consommateurs a révélé des taux d’arsenic et de mercure plus élevés dans des pavés de saumon bio comparativement à ceux issus de l’aquaculture conventionnelle. Et ce n’est pas tout. Quatre pesticides ont également été retrouvés alors qu’ils étaient absents du saumon conventionnel, à l’image du diflubenzuron utilisé pour lutter contre le pou de mer. Il en est de même concernant les polluants organiques persistants (POP), dont la teneur apparait 2 à 4 fois plus élevée9,10. Une telle situation s’explique avant tout par le choix de l’alimentation fournie aux saumons bio, riche en farines, en protéines de soja et en huiles de poisson. Certaines huiles de poisson sont toutefois désormais remplacées par des huiles végétales, permettant ainsi de réduire fortement les teneurs en POP. Une enquête de 2017 de UFC-Que-Choisir alertait quant aux taux de PCB dans les saumons bio ou Label Rouge, particulièrement inquiétants11.
En conclusion et pour faire simple, plus l’alimentation du saumon va se rapprocher des conditions sauvages, plus il est contaminé en métaux lourds. De prime abord, le saumon d’élevage (surtout conventionnel) pourrait apparaitre plus qualitatif que son homologue sauvage sur le plan des contaminants, sauf pour les PCB, les dioxines ou le PBDE. Il existe par ailleurs de grandes différences selon l’origine géographique. La teneur en PCB reste particulièrement problématique, paradoxalement surtout quand il est bio ou labellisé Label Rouge. La consommation de saumon d’élevage pourrait également permettre de limiter les effets de la surpêche, mais il n’en reste pas moins que les conditions d’aquaculture intensive (en 20 ans, la production annuelle d’élevage est passée de 27 000 à plus de 1 million de tonnes) sont bien souvent inacceptables, notamment au niveau des conditions de vie. Ce mode d’élevage est de plus néfaste sur les écosystèmes côtiers, notamment du fait des déchets qu’il génère. Même si ces effets sont considérés comme localisés et transitoires (ils sont généralement gérés en imposant une période de jachère entre les cycles de production), une altération du cycle des contaminants peut persister, augmentant par exemple les contaminations en mercure de certains poissons sauvages12. L’excès de nourriture et les déchets de poisson altère l’écosystème aquatique proche, notamment en réduisant l’oxygène disponible dans l’eau13. Ces conditions anoxiques des sédiments rendraient le mercure plus fortement biodisponible pour les poissons, qui saccumule alors au fil de la chaine alimentaire 14.
En clair, je vous déconseille de consommer du saumon plus d’une fois par mois au profit de la truite, certes moins grasse mais également moins contaminée. Si vous souhaitez continuer à manger du saumon, le choix de celui-ci se fera donc par défaut. Dernier conseil : enlevez la peau, elle est particulièrement contaminée, et évitez de le griller trop fortement. Non seulement vous dégraderez une partie des oméga 3 présents, mais vous créerez également ce que l’on nomme une lipopéroxydation à l’origine d’une augmentation du stress oxydatif.
Comparaison des contaminants présents dans le saumon selon son origine | ||||||
Saumon d’élevage | Saumon sauvage d'Atlantique | Saumon biologique | ||||
Arsenic (mg/kg) | + 0,86 5 | +++ 2,56 5 | +++ 2,56 5 | |||
Mercure (µg/kg) | + 18,1 5 | +++ 56,3 5 | +++ 56,3 5 | |||
Cadmium (mg/kg) | + 0,01 5 | + 0,01 5 | + 0,01 5 | |||
PCB (µg/kg) | +++ 17,1 16 | + 5,49 16 | + 5,49 16 | |||
PCB Dioxin like (WHO TEQs ng/kg) | +++ 1,61 16 | + 0,46 16 | + 0,46 16 | |||
Dioxines – Furanes (WHO TEQs ng/kg) | ++ 0,54 16 | + 0,34 16 | + 0,34 16 | |||
PBDE (µg/kg) | +++ 3,71 16 | + 0,86 16 | + 0,86 16 |
Comparaison des contaminants présents dans le saumon selon son origine | ||
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Saumon d’élevage | Saumon sauvage d’Atlantique | |
Oméga 3 (g/100g) | +++ 4.35 | + 1.45 |
Oméga 6 (LA, g/100g) | ++++ 2.55 | + 0.15 |
Ratio Oméga 6 / Oméga 3 | + 0,75 | - 0,055 |
Anthony Berthou
Sources :
(1) Foran, J. A.; Carpenter, D. O.; Hamilton, M. C.; Knuth, B. A.; Schwager, S. J. Risk-Based Consumption Advice for Farmed Atlantic and Wild Pacific Salmon Contaminated with Dioxins and Dioxin-like Compounds. Environ. Health Perspect. 2005, 113 (5), 552–556. https://doi.org/10.1289/ehp.7626.
(2) Foran, J. A.; Good, D. H.; Carpenter, D. O.; Hamilton, M. C.; Knuth, B. A.; Schwager, S. J. Quantitative Analysis of the Benefits and Risks of Consuming Farmed and Wild Salmon. J Nutr 2005, 135 (11), 2639–2643. https://doi.org/10.1093/jn/135.11.2639.
(3) Foran, J. A.; Hites, R. A.; Carpenter, D. O.; Hamilton, M. C.; Mathews-Amos, A.; Schwager, S. J. A Survey of Metals in Tissues of Farmed Atlantic and Wild Pacific Salmon. Environ. Toxicol. Chem. 2004, 23 (9), 2108–2110. https://doi.org/10.1897/04-72.
(4) Ikonomou, M. Flesh Quality of Farmed and Wild Salmon from British Columbia: Factors Affecting Fatty Acid and Contaminant Residue Levels. C.M. Pearce August 2007.
(5) Jensen, I.-J.; Eilertsen, K.-E.; Otnæs, C. H. A.; Mæhre, H. K.; Elvevoll, E. O. An Update on the Content of Fatty Acids, Dioxins, PCBs and Heavy Metals in Farmed, Escaped and Wild Atlantic Salmon (Salmo Salar L.) in Norway. Foods 2020, 9 (12), 1901. https://doi.org/10.3390/foods9121901.
(6) Nøstbakken, O. J.; Hove, H. T.; Duinker, A.; Lundebye, A.-K.; Berntssen, M. H. G.; Hannisdal, R.; Lunestad, B. T.; Maage, A.; Madsen, L.; Torstensen, B. E.; Julshamn, K. Contaminant Levels in Norwegian Farmed Atlantic Salmon (Salmo Salar) in the 13-Year Period from 1999 to 2011. Environ Int 2015, 74, 274–280. https://doi.org/10.1016/j.envint.2014.10.008.
(7) Lundebye, A.-K.; Lock, E.-J.; Rasinger, J. D.; Nøstbakken, O. J.; Hannisdal, R.; Karlsbakk, E.; Wennevik, V.; Madhun, A. S.; Madsen, L.; Graff, I. E.; Ørnsrud, R. Lower Levels of Persistent Organic Pollutants, Metals and the Marine Omega 3-Fatty Acid DHA in Farmed Compared to Wild Atlantic Salmon (Salmo Salar). Environmental Research 2017, 155, 49–59. https://doi.org/10.1016/j.envres.2017.01.026.
(8) Hamilton, M. C.; Hites, R. A.; Schwager, S. J.; Foran, J. A.; Knuth, B. A.; Carpenter, D. O. Lipid Composition and Contaminants in Farmed and Wild Salmon. Environ Sci Technol 2005, 39 (22), 8622–8629. https://doi.org/10.1021/es050898y.
(9) Hites, R. A.; Foran, J. A.; Carpenter, D. O.; Hamilton, M. C.; Knuth, B. A.; Schwager, S. J. Global Assessment of Organic Contaminants in Farmed Salmon. Science 2004, 303 (5655), 226–229. https://doi.org/10.1126/science.1091447.
(10) Shaw, S. D.; Brenner, D.; Berger, M. L.; Carpenter, D. O.; Hong, C.-S.; Kannan, K. PCBs, PCDD/Fs, and Organochlorine Pesticides in Farmed Atlantic Salmon from Maine, Eastern Canada, and Norway, and Wild Salmon from Alaska. Environ Sci Technol 2006, 40 (17), 5347–5354. https://doi.org/10.1021/es061006c.
(11) UFC Que Choisir. Contaminants dans le saumon fumé – Les labels ont encore des progrès à… https://www.quechoisir.org/actualite-contaminants-dans-le-saumon-fume-les-labels-ont-encore-des-progres-a-faire-n48760/ (accessed 2019 -12 -21).
(12) Debruyn, A.; Trudel, M.; Eyding, N.; Harding, J.; McNally, H.; Mountain, R.; Orr, C.; Urban, D.; Verenitch, S.; Mazumder, A. Ecosystemic Effects of Salmon Farming Increase Mercury Contamination in Wild Fish. Environmental science & technology 2006, 40, 3489–3493. https://doi.org/10.1021/es0520161.
(13) Farmed Salmon | Industries | WWF https://www.worldwildlife.org/industries/farmed-salmon (accessed 2021 -07 -12).
(14) Bustnes, J. O.; Nygård, T.; Dempster, T.; Ciesielski, T.; Jenssen, B. M.; Bjørn, P. A.; Uglem, I. Do Salmon Farms Increase the Concentrations of Mercury and Other Elements in Wild Fish? Journal of Environmental Monitoring 13 (6), 1687.
(15) Hădărugă, D. I.; Ünlüsayin, M.; Gruia, A. T.; Birău (Mitroi), C.; Rusu, G.; Hădărugă, N. G. Thermal and Oxidative Stability of Atlantic Salmon Oil (Salmo Salar L.) and Complexation with β-Cyclodextrin. Beilstein J Org Chem 2016, 12, 179–191. https://doi.org/10.3762/bjoc.12.20.
(16) Tlustos, C.; McHugh, B.; Pratt, I.; Tyrrell, L.; McGovern, E. Investigation into Levels of Dioxins, Furans, Polychlorinated Biphenyls and Brominated Flame Retardants in Fishery Produce in Ireland. 2007.
la recommandation de l’OMS en mercure est 200 ug/semaine.
un saumon bio c’est 11.26 ug de mercure par pavé de 200 grammes selon vos chiffres.
il faudrait consommer 10 fois du saumon (bio) par semaines pour être à la moitié.
je ne vois donc pas pourquoi vous dites de ne pas consommer de saumon trop souvent.
Bonjour Georges,
Pour la simple raison que le saumon est un vecteur important, parmi d’autres, sans compter la charge globale en contaminants et les conditions d’élevage.
Bonjour,
Vous dites dans cet article que le saumon d’Alaska est le plus contaminé en mercure. Pourtant, dans un article consacré au saumon qui figure sur le site Yuka, vous dites le contraire. Qu’en est-il ?
Merci d’avance !
Bonjour Kevin,
Je ne suis pas l’auteur de l’article de Yuka. Concernant ce dernier, après relecture, son contenu peut en effet générer une confusion par rapport au mien, notamment car il synthétise plusieurs notions (ensemble des contaminants, notamment des métaux lourds) alors que la remarque dans mon article concerne spécifiquement le mercure. Je vais leur en faire part, merci de la précision.
Les saumons sauvages du Pacifique sont vendus congelés .
Je suis décu dans cet article de ne pas avoir eu une analyse des contaminants possiblement trouvés dans leur chair …
Bref cet article est incomplet et devrait faire etre finalisé prochainement
Cordialement
Monsieur,
Je suis navré que vous puissiez être déçu du caractère incomplet de mon article : je serais donc ravi que vous puissiez étayer vos remarques par des données objectives permettant de le compléter et de le nuancer (je ne comprends pas votre remarque sur le caractère congelé de certains saumons). J’imagine en effet que vous appliquez la même exigence à votre propre expertise, votre regard me sera donc très constructif pour m’aider à finaliser cet article.
Le cas échéant, j’espère que vous trouverez sur internet des articles gratuits vous apportant des réponses avec le niveau de précision attendu.
Cordialement,
Merci beaucoup pour ces éclaircissements !